The Owl in Daylight

hibou
Dernier projet de Philip K. Dick, nous ne savons que peu de choses de The Owl in Daylight. S'il est certain que PKD n'a jamais écrit une ligne du manuscrit, il a beaucoup parlé de son projet à différents interlocuteurs dans les dernières semaines de sa vie.
Une bonne partie de Dernière conversation avant les étoiles : Et si notre monde était leur paradis ? est d'ailleurs consacrée au projet. Dans cet entretien enregistré par Gwen Lee, Dick jongle avec les concepts plus qu'il n'expose un projet définitif. Il jette les idées au fil de la conversation, et s'inquiète même de savoir si le magnétophone enregistre bien, de peur d'avoir tout oublié plus tard !
Concentrons-nous sur ce qu'il avait dit le 15 janvier 1982, nous aurons l'occasion ultérieurement de parler d'autres versions de The Owl in Daylight.

Dans une planète lointaine, une civilisation s'est développée sans connaître la notion de son. La communication est entièrement basée sur la lumière et ses infinies variations. Leur monde est fait de vision, de lumière, et pas de bruit. Sur cette planète, un mystique a une vision d'un monde qui serait sonore, qui représenterait un au-delà qui serait, au sens religieux, un Paradis... et qui est la Terre. Se rendre sur notre planète est pour eux comme toucher au sacré ou rencontrer Dieu. Les extraterrestres décident de traverser le cosmos et de venir jusqu'à nous. Mieux, ils viennent et ils vont ramener de la musique.
L'un d'eux se programme lui-même dans une biopuce afin de s'introduire sous forme de symbiote dans le cerveau d'un humain. Il va ainsi transmettre les sons aux autres afin qu'ils puissent faire à leur tour l'expérience du son. L'hôte choisi est un looser, un compositeur raté, du genre à produire de la musique commerciale à la chaîne, à faire de la musique pour un "film de science-fiction vraiment pourri avec un détective qui traque des androïdes" : Ed Firmley.
Mais le choix est malheureux. Ed n'écoute que de la soupe à longueur de journée. Petit à petit, la frustration de la biopuce augmente, parce qu'elle entend parfois de la musique de qualité. Jusqu'au jour où Ed monte dans sa voiture, cherche une station sur son autoradio et tombe sur un opéra de Mozart. Pour la biopuce c'est, au sens religieux, une révélation, un aperçu sonore de Dieu. La biopuce réagit et commence à communiquer avec le cerveau d'Ed, en lui envoyant des concepts mathématiques pour que ce dernier les convertisse en musique.
Bien évidemment sa carrière commerciale est ruinée, mais il est dorénavant un compositeur d'avant-garde profondément original et créatif. Sa musique devient de plus en plus complexe et les extraterrestres l'enregistrent religieusement. Mais le travail produit un stress excessif sur l'organisme de l'hôte. Il écrit continuellement et finit par tomber malade. Suite à un rendez-vous chez le médecin, on découvre la présence de la biopuce. Ed n'a plus qu'un mois à vivre si on ne la lui retire pas. Le dilemme (au sujet duquel Dick cite Des Fleurs pour Algernon) est simple : redevenir un médiocre vivant ou rester sublime et en mourir.
La solution sera de faire du cerveau d'Ed un symbiote qui serait accueilli par un extraterrestre volontaire. Ce dernier sait qu'il va en mourir mais comme cela Ed Firmey pourra à son tour découvrir un monde lumineux, un monde qui correspond à notre Paradis.

Ce n'est qu'un résumé qui ne rend pas compte de la richesse de la conversation de Dick et des multiples digressions qui l'émaillent. Mais en l'état c'est quand même aguichant, non ?

L'édition américaine est disponible chez Amazon : What If Our World Is Their Heaven?: The Final Conversations With Phillip K. Dick.

Nous avons souvent parlé de la future adaptation cinématographique. On en reparle bientôt.


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