GUERRE PRÉVENTIVE



Parmi les multiples débilités de notre troisième millénaire que Dick a anticipé, il y a la « guerre préventive ». Par exemple contre les Dériveurs, protoplasmes venu de l’espace qui meurent une fois sur Terre, devenant pour les Patriotes Unis « les légions de Satan. Les forces du Mal », se transformant ainsi dans le roman Les Chaînes de l’avenir (1956) en une efficace méthode pour consolider leur pouvoir dans le sang et la mobilisation qui va avec. Soit l’invention d’un ennemi incarnant « le Mal » pour justifier le gouvernement du « Bien », la mise en place d’une « guerre permanente » comme issue infiniment provisoire à la crise intérieure. L’expression de « guerre préventive », qui fit florès lors du second conflit d’Irak, n’apparaît pas à la lettre dans une nouvelle plus ancienne encore, « Souvenir » (1953), mais son esprit s’y agite sans la moindre ambiguïté. Pour le Capitaine Rogers, en mission de paix comme de bien entendu, il n’y a guère d’autre choix, en effet, que de « réduire à néant » la Planète de Williamson : puisqu’elle « refusait de faire partie de la culture galactique, sa destruction devenait une nécessité – macabre, mais axiomatique. C’était soit la Planète de Williamson, soit la galaxie. Pour sauver la grande » de la contamination par des idées barbares, « la plus petite devait être sacrifiée »1.

1 Philip K. Dick, « Souvenir » (1953, publié en 1954), dans Nouvelles, Tome 1 : 1947-1953, Denoël/Lunes d’Encres, p. 1123-1125.

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